Le réchauffement climatique est de loin ce qui m’angoisse le plus au monde.

Vous voyez, quand on est enfant et que l’on se trouve dans une situation compliquée ? Par exemple la perte de notre banane fétiche dans laquelle se trouve toutes nos billes et une grande partie de notre argent de poche (soit 10 francs AU MOINS). Et bien lorsque ça nous arrivait, on pleurait beaucoup mais on se disait que ce n’était pas grave car un adulte allait trouver une solution (= nous racheter des billes). Cela fonctionnait pour n’importe quelle peur. Un orage violent, une image choquante à la télévision, un clown… À chaque fois, un adulte était là pour nous rassurer.

Sauf que maintenant les adultes, c’est nous. Et il n’y a plus personne pour nous mentir et nous dire que ça va aller.

Plus personne pour passer une main dans nos cheveux et nous dire de ne pas nous inquiéter.

Alors pour survivre à mes angoisses, ma stratégie consiste à fuir au maximum les informations sur le sujet. Ça ne veut pas dire que je suis dans le déni. Non, ça veut juste dire que je ne regarde pas les images des incendie en Australie mais que je continue d’acheter mon riz en vrac, de consommer moins de viande, de refuser les fraises en décembre et de sanctionner les entreprises qui ne (me) respectent pas.

L’entreprise ne perd qu’une vente, je sais bien, mais moi ça me fait du bien. Et c’est la moindre des choses, cette satisfaction, quand on a refusé de manger une belle fraise simplement parce qu’elle a pris l’avion plus souvent que nous.

Bref, je fuis mais ce matin, je n’ai pas eu d’autre choix que de lire cette une sur mon téléphone : 2019, deuxième année la plus chaude de l’Histoire.

Je me suis d’abord dit que, peut-être, le thermomètre n’avait pas été inventé il y a si longtemps…  et puis assez rapidement, j’ai commencé à angoisser sur une date probable de fin du monde.

Dans ma fuite de l’angoisse, il y a un terme que je vois passer depuis longtemps mais sur lequel je ne prends pas le temps de m’arrêter. Ce terme, c’est « l’écoféminisme ».

Au début, je dois reconnaitre que face à ce mot valise, j’étais un peu dubitative. Mais un peu comme le bio en 1999, vous voyez. Du coup, maintenant, je me méfie de ce que je me méfie. Parce que ce n’est pas parce que je ne suis pas assez futée pour ressentir les choses, que je dois considérer que ce sont ces choses qui sont idiotes. Vous voyez.

Alors j’ai lu. 

L’écoféminisme qu’est-ce que c’est ?

C’est un mot souligné par mon correcteur automatique déjà.

C’est un panneau dans une manifestation qui dit « Pubis et forêts, arrêtons de tout raser » par exemple.

C’est le parallèle entre écologie et féminisme en disant que le capitalisme de l’un est le patriarcat de l’autre. Mais que ces deux-là ne sont pas si éloignés l’un de l’autre.

C’est penser que la planète Terre est une femme comme les autres. Que l’on abuse de notre pouvoir sur elle, que l’on puise dans sa richesse pour satisfaire un besoin personnel immédiat. Parce que c’est facile.

C’est parler de l’un ou de l’autre et ne plus savoir exactement de quel il est question si on prend soin de n’utiliser que des pronoms personnels.

C’est une sorte de philosophie. Une pensée.

C’est penser qu’il y a des points communs entre les deux. Mais surtout une tendance générale chez l’humain, à martyriser celles qui donnent la vie.

C’est l’envie de réhabiliter la nature et la féminité.

 

Jeanne Burgart Goutal, professeure de philosophie spécialiste du sujet explique ceci :

“La thèse fondamentale de l’écoféminisme, c’est de soutenir qu’il y a des liens indissociables entre domination des femmes et domination de la nature, ou entre capitalisme écocide et patriarcat. Que ce sont les deux facettes de la même médaille, du même modèle de civilisation qui s’est imposé historiquement”

Ce mot, il nous oblige à réfléchir sur notre rapport au pouvoir car c’est du pouvoir que naît l’idée d’une domination.

Je suis une femme, mais n’ai-je pas déjà abusé du pouvoir que j’avais, notamment vis-à-vis de la planète ? Si évidemment.

 

 

 

Article écrit par Sophie Astrabie