Licorne. Animal fabuleux ayant un corps de cheval, une tête de bouc, une longue corne au milieu du front et souvent des pieds fourchus.

Voilà ce que nous explique le dictionnaire si on lui demande de nous en dire plus sur les licornes. Ce qu’il ne nous dit pas par contre, c’est que cet animal a aussi des pouvoirs magiques. Les dictionnaires ont toujours manqué d’imagination de toute façon…

Mais, une licorne, de nos jours, c’est aussi autre chose. On utilise ce mot pour qualifier les start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars… et qui basent leur modèle économique sur une croissance rapide, financée par des fonds extérieurs avant de se focaliser sur sa rentabilité et ses revenus. Une licorne, c’est donc beaucoup d’espoir.

Ce qui est génial, c’est que grâce à ce terme, vous pouvez taper « combien de licornes en France ? » sur Google sans avoir l’impression d’être une grande illuminée. Ce qui est moins génial, selon moi, c’est que le plus « magique » dans ces licornes, c’est l’argent invisible qu’elles représentent. On valorise une fortune, des entreprises qui ne sont pour la plupart, pas encore rentables. Tout ça est donc très flou, à tel point qu’on ne peut pas vraiment connaître leur nombre.

Parfois, je regarde l’horizon d’un air songeur et je me dis que tout ça va finir par s’écrouler et nous entraîner dans une crise financière sans précédent. Mon petit côté « mélancoptimiste » voyez-vous.

Mais bon, allons quand même voir ces licornes de plus près et essayons de comprendre. Cela peut nous éviter d’arriver avec une corne sur la tête à une soirée où tout le monde aura son ordinateur dans une main et son attachée-case dans l’autre. (oui ce mot existe toujours)

Aujourd’hui, il y aurait 315 licornes dans le monde*. Parmi elles, 37 ont été fondées par des femmes, et en juin 2019, 5 licornes étaient françaises. Les voici :

  • Doctolib le service de prise de rendez-vous médical en ligne
  • OVH, spécialisée dans les solutions d’hébergement et dans le Big Data
  • Blablacar, le géant du covoiturage
  • Deezer, la plate-forme de streaming musical.
  • Meero, la plateforme de mise en relation entre photographes et entreprises.

La France est la 7e nation la plus représentée du classement à égalité avec Israël et l’Indonésie et loin derrière les USA (165 licornes) la Chine (90), le Royaume-Unis (16) les trois pays leaders. La France, pas vraiment un pays à licornes donc.

Jetons à présent un oeil à ces « femmes licornes », rareté parmi l’extraordinaire.

 

Qui sont elles, ces femmes, qui ont réussi à dompter une licorne ? Et qu’ont-elles à nous dire ?

 

Jessica Scorpio a créé Getaround, une plateforme de mise en relation entre propriétaires et locataires de voitures. Getaround a racheté Drivy – son équivalent français – en avril 2019. Après 10 ans à la tête de cette start-up en pleine croissance, elle dit se souvenir des débuts « où tout le monde nous disait que cela ne fonctionnerait pas« .

Avez-vous remarqué comme il est fréquent que les entreprises en réussite devaient à la base et selon l’avis de tous, ne jamais fonctionner ?

 

 

 

Fatoumata Bâ a créé Jumia, l’Alibaba africain et première licorne africaine, il y a 6 ans. Aujourd’hui, à 32 ans, Fatoumata s’est lancée dans un fond d’investissement dédié aux start-up africaines. Son but ? Développer son continent.

Fatoumata se souvient qu’avant de quitter son travail pour se lancer dans l’entreprenariat, elle lisait Sheryl Sandberg (la numéro 2 de Facebook) qui demandait « que ferais-tu si tu n’avais pas peur ?« . C’est le déclic. 

Et vous ? Que feriez-vous ?

 

La prochaine licorne française, une start-up dirigée par une femme ?

 

 

Mathilde Collin est à la tête de Front, une start-up qui centralise différents outils (e-mails, tweets, messages Facebook, SMS) dans une même interface et qui cartonne dans la Silicon Valley. Elle fait partie de la prestigieuse sélection 2019 des Next Billion Dollars startups de Forbes, une sélection de 25 startups prometteuses triées par Forbes parmi plus de 150 dossiers.

Sur son téléphone, Mathilde n’a aucune application, sauf Uber. “Je ne veux pas être polluée. Quand je suis au boulot je suis à 100%”, précise-t-elle.

Il est peut-être temps de fermer Instagram pour rester concentrée… au moins 1 heure par jour.

 

 

L’extinction des licornes  est-elle en cours ?

Aujourd’hui les licornes ne sont plus autant idéalisées. Beaucoup redoutent l’explosion de cette bulle spéculative, à l’image de Uber qui est valorisé autour de 100 milliards de dollars mais qui ne parvient toujours pas à faire de bénéfices.

Le concept du cafard a été mis en avant par Katarina Fake, fondatrice de Flickr et Hunch. Dans un post en 2015, elle écrivait déjà cette phrase : « Une peste va arriver pour tuer toutes les licornes d’après la plupart des pronostiqueurs de la tech, écrivait-elle. Qui va survivre ? Comme d’habitude, les peu glamours, mais résistants cafards qui ont déjà survécu aux astéroïdes tueurs et à l’extinction des dinosaures. »

Les cafards ? Simplement des start-up profitables.

 

Alors, Licorne ou Cafard ? 

Franchement, aucun idée. Par contre ce que l’on sait, c’est qu’il n’y aura jamais qu’une seule manière de mener un projet à bien…

 

 

 

 

Article par Sophie Astrabie

 

 

* Les Échos, octobre 2019