Livia est une artiste suisse qui navigue avec bonheur entre son atelier, l’école où elle enseigne et sa famille. 

Livia a 41 ans, elle vient de la Suisse centrale, d’un paysage régi par les montagnes, les collines et les lacs. Elle vit depuis peu à Montreux à quelques pas du lac.

Elle a étudié aux beaux-arts de Genève, tout en faisant des séjours dans d’autres académies d’art : un semestre à Hambourg et un à Reykjavik. « C’était une école de pensée. Je suis encore aujourd’hui profondément liée à certaines rencontres et révélations de cette époque. » 

Un peu plus tard elle a fait un postgrade à Lucerne et récemment un Master of Arts à Sierre. « A vrai dire, je suis toujours en train d’étudier ! » Et comme elle enseigne à temps partiel dans une école d’arts graphiques et appliqués, elle doit maintenant faire un diplôme en pédagogie pour l’enseignement professionnel.

Livia a été maman très jeune et a donc rapidement dû gagner de l’argent, ce qui a certainement ralenti son travail artistique personnel. Après une période d’assistanat aux beaux-arts de Genève, elle a travaillé pendant plusieurs années pour des galeries internationales d’art contemporain ainsi qu’en tant que co-directrice pour une fondation et un musée. Elle hérite de cette expérience un bagage solide sur l’organisation, la documentation, la logistique d’expositions ainsi qu’évidemment, des connaissances approfondies et subtiles du fonctionnement de la scène et du marché de l’art contemporain. 

En parallèle, elle a également donné des cours de dessin d’académie et c’est ce qui lui a permis de se rendre compte qu’elle aimait vraiment enseigner. Cela fait 5 ans qu’elle enseigne le dessin et l’illustration avec beaucoup de bonheur et de dévouement à l’Eracom, à Lausanne, où elle est aussi coordinatrice du préapprentissage en arts appliqués. Elle adore voir évoluer ses élèves, elle aime réfléchir à des thématiques intéressantes à aborder avec eux et est heureuse de constater leurs progrès. 

Son vrai métier est artiste. Etre artiste, dans sa vie, signifie se garder des moments de solitude afin de continuer à développer des projets personnels, à tisser des recherches souvent de longue haleine; réaliser des dessins en série dont on ne connaît pas forcément le potentiel au départ; décliner les possibilités de couleurs ou de formats afin de trouver la forme adaptée à l’idée ayant surgi entretemps… Il s’agit presque d’une hygiène de vie. Livia est mariée avec un artiste musicien et ils organisent leur vie familiale autour de leurs pratiques artistiques réciproques. Il travaille à la maison et s’occupe donc d’une grande partie du quotidien familial. 

Elle n’aurait pas la possibilité actuellement de faire vivre sa famille de son art, mais elle expose plusieurs fois par an, principalement en Suisse, ainsi qu’au Japon.

« Mon atelier se trouve dans une ancienne usine hydraulique. Un endroit où se côtoient la forêt et la ville. Une dizaine d’autres artistes travaillent dans ce lieu, c’est inspirant comme environnement de travail. Un peu délaissé, un peu caché des regards de la ville, généreux en ce qui concerne la nature environnante. Mon atelier est une bulle à moi. Le temps s’y arrête. Je dessine. Je pose des lignes d’aquarelle ou des lavis d’encre sur du papier. Je travaille presque exclusivement sur papier. Presque exclusivement en liquide. Aquarelle et encre. »

« Mon atelier est un lieu de production évidemment, mais également de réflexion et de recueillement. Je me considère privilégiée de pouvoir faire vivre un tel espace. Cela fait plus de vingt ans que je nourris mon travail artistique et je sens qu’il évolue et qu’il prend tout son sens avec le temps qui passe. C’est très beau d’exercer un métier où l’âge, l’expérience et la connaissance de soi constituent une valeur supplémentaire. »

« Ce qui me fascine dans le dessin, c’est la possibilité de passer d’un espace bidimensionnel à quelque chose de tridimensionnel, avec la lumière et avec le regard du spectateur. Je m’intéresse à cette interaction entre optique et psychologique. Avec mes dessins, j’aimerais faire appel à un maximum d’associations possibles. Des images qui puissent parler à n’importe qui.»

Livia vient d’une famille où grands-parents, oncles et tantes, cousins et cousines ont une grande valeur. Elle se souvient des histoires lues par sa mère et sa grand-mère : il y avait des contes, mais aussi Pinocchio, le petit prince, Bambi, les livres d’Astrid Lindgren et de Michael Ende. D’autres histoires aussi que sa sœur et elle écoutaient tellement de fois sur des disques qu’elles pouvaient les réciter par cœur, mot par mot…

 

Livia a deux peurs : le noir et la mort. Et préfère ne pas trop s’attarder sur les peurs, par crainte de les réveiller.

Son futur ? Livia a relevé le défi de vivre à travers l’art, et nourrit donc un travail qui prendra tout son sens et toute son envergure au fur et à mesure. Il n’y a pas de fin. Pas d’âge de retraite. Mais plein de possibilités. Un futur infini.

Un rêve? Elle rêve de partir vivre ailleurs. Pas que sa vie actuelle ne lui plaise pas, loin de là ! C’est difficile d’imaginer un meilleur endroit pour vivre et voir grandir des enfants… Mais elle rêve de pouvoir à nouveau faire ces choix qui nous incombent lorsqu’on change radicalement de lieu de vie : découvrir de nouveaux parcours, apprendre une nouvelle langue, se familiariser avec des coutumes, se voir face à des mystères, voir des portes s’ouvrir… A 16 ans elle était partie vivre un an en Finlande dans une famille d’accueil et cette expérience décisive continue à la faire rêver.

Un échec ? Je crois que les échecs sont souvent simplement des bifurcations. J’en ai connu, évidemment, mais je n’ai aucun regret.

Sa réussite est d’avoir pu élever deux enfants heureux sans pour autant renoncer à l’art et de leur faire découvrir l’art aussi.

Une héroïne ? Arachné.

Un livre de chevet ? Son habitude est de lire plusieurs livres parallèlement, elle a donc toujours des piles de livres à côté du lit… Mais il y en a un qui s’y trouve depuis novembre passé, et qu’elle regarde régulièrement : Hundert de Heike Faller et Valerio Vidali. Il paraîtra en français en automne sous le titre : Cent ans, tout ce que tu apprendras dans la vie. Beau et poétique. 

Une musique : Melodivia de Dollar Mambo : https://www.youtube.com/watch?v=sL5c0fu3dwM




Pour en savoir plus :

 

Site web : www.liviagnos.ch

instagram : https://www.instagram.com/liviagnos/

facebook : https://www.facebook.com/liviagnos

 

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Texte écrit par Donatella Foletti-Ranjan.