C’est étrange comme il arrive parfois que des sujets se présentent en arrière plan de nos vies, comme une brise légère qui reviendrait caresser notre visage à intervalle régulier et que l’on pourrait choisir d’ignorer ou de regarder en face, en fonction de l’orientation de nos pensées.

 

Pour l’article de cette semaine, je n’arrivais pas à trouver le sujet avec un grand S. J’avais plein de petites idées en tête mais aucune d’entre elles ne me convenait vraiment. Alors je me suis mise à traîner sur Internet, à naviguer de page en page à la recherche d’une évidence et c’est là que j’ai remarqué qu’au cours de la semaine qui venait de s’écouler, il y avait eu ce thème latent dans beaucoup de mes lectures. Le do it yourself. Pas le do it yourself qui consiste à prendre un rouleau d’essuie-tout et quelques cure-dents pour fabriquer une fusée capable de sauver l’espèce humaine. Non, le do it yourself qui permet de se créer soi-même. Le do it yourself qui s’oppose au “wait and see if someone believes in you”.

 

Plus que jamais, nous sommes une génération qui a les outils pour ne pas vivre un refus comme l’étape définitive d’un projet qui n’aboutira pas.

 

Nous pouvons tout faire nous même.

 

Apprendre à coder avec l’aide d’un MOOC, apprendre une langue grâce à une appli, apprendre à jouer d’un instrument de musique via une vidéo Youtube, apprendre à faire notre propre lessive sur un site Internet, etc.

 

Ce nouvel artisanat, bien qu’il soit à portée de main, n’est pas toujours considéré comme une méthode noble. Alors que si. Bien évidemment.

 

Voici les parcours “do it yourself” dont j’ai entendu parlé cette semaine :

 

Lundi j’ai écouté un podcast qui justement, s’appelle “Generation Do It Yourself”. De manière générale, ce podcast retrace le parcours de sportifs, d’entrepreneurs ou d’artistes qui ont ce fameux point commun d’avoir réussi. Mais ce que je trouve intéressant dans ces histoires, c’est que très souvent les débuts sont synonymes de “bricolage”. Que ce soit pour lancer une entreprise de biscuits à message comme Shanty Biscuits (épisode 61) ou un site de e-commerce comme Motoblouz (épisode 71), j’ai été surprise de découvrir à quel point les créateurs ont mis la main à la pâte plus ou moins littéralement.

 

Mardi, j’ai vu Alice et moi à la télé. Alice et moi est une jeune femme diplômée de Science Po que j’avais découverte en écoutant l’épisode 75 du podcast Nouvelle ÉcoleSon histoire, c’est qu’en 2016 elle décide de se lancer dans la musique. Mais comme les maisons de disque refusent une à une de la produire, elle décide de se produire elle-même, tout seule. Elle enregistre son EP chez elle, elle développe ses propres produits dérivés, elle demande de l’aide par messages Instagram et elle fait de nombreux concerts grâce au bouche à oreille. À ce jour, elle comptabilise plus de trois millions d’écoutes sur Spotify mais si vous voulez acheter son EP, pour l’instant, c’est elle qui vous l’enverra par la poste.

 

Et puis il y a aussi mon histoire. Moi, Sophie, qui écrit cet article. Je n’y avais jamais réfléchi auparavant, mais le “do it yourself” en réalité, c’est ce que j’ai fait.

 

Quand j’ai eu fini d’écrire mon livre, j’ai eu peur de me confronter à des maisons d’édition. Alors j’ai décidé de m’auto-éditer sur Amazon. J’ai fait la mise en page de mon livre sur Word, j’ai créé ma couverture en prenant une image libre de droit sur Freepik et je l’ai arrangée grâce à des bases de Photoshop apprises sur Youtube. J’ai trouvé une correctrice pour m’aider sur mes fautes d’orthographe sur le site de jobbing Frizbiz. J’ai ouvert une page Facebook et un compte Instagram pour faire ma promo mais aussi, pour être joignable par les lecteurs ou les maisons d’édition. J’ai commandé quelques exemplaires pour proposer un dépôt vente à certaines librairies de ma ville. Et c’était parti.

 

Le do it yourself, c’est se libérer de la tyrannie de ceux qui ont le pouvoir de décider à notre place si oui ou non, nous avons le talent nécessaire pour réussir. Car en réalité, le do it yourself, c’est prendre le temps de construire son talent pas à pas.

 

Plus besoin de piston, plus besoin de connaître un milieu, plus besoin d’avoir étudié un sujet particulier. Plus d’excuse.

 

Il faut juste (se) faire soi-même.

 

Sophie.